dimanche 21 février 2016

Les différentes voies du yoga

En Occident, quand on pense au yoga, on imagine souvent un groupe d'athlètes contorsionnistes en train de réaliser des postures infaisables pour le commun des mortels (qui, du coup, se dit, à tort, que le yoga n'est pas fait pour lui, alors qu'il existe bon nombre de postures simples adaptées aux débutants peu souples...). Pourtant, il ne s'agit là que d'un des aspects du yoga, véhiculé principalement par le haṭha yoga et ses variantes contemporaines, qui peut certes apporter des bénéfices indéniables tels que souplesse et force physique, bien-être corporel et mental (dont bon nombre de pratiquants se contenteront, ce qui est déjà très bien), mais qui fait trop souvent oublier que le véritable but du yoga est bien au-delà. Car on peut très bien réaliser toutes ces postures à la perfection sans vraiment faire du yoga et à l'inverse faire du yoga sans pratiquer de postures particulières. Vous allez comprendre pourquoi et comment en découvrant les différentes voies traditionnelles du yoga. 

Mais commençons par le commencement. Le mot "yoga" vient de la racine sanskrite "yuj" qui signifie joindre, unir. En effet, le but ultime de toutes les formes traditionnelles de yoga est d'unir la conscience individuelle (jīvātman) à la conscience suprême universelle (paramātman). Il s'agit donc d'une voie spirituelle, bien que non-religieuse. Il existe différents types de yoga qui proposent des chemins divers et multiples pour aider le pratiquant, appelé sādhaka, à atteindre cet objectif. Chacun peut décider de n'en suivre qu'un seul ou de combiner plusieurs approches.

Le haṭha yoga ou yoga de l'effort (haṭhaest la voie la plus connue en Occident. Elle met l'accent sur l'équilibre et l'union de toutes les dualités : soleil (ha) et lune (tha), corps et esprit, chaud et froid, masculin et féminin, droite et gauche, Piṅgalā et Iḍā, etc. Pour ce faire, elle utilise principalement les postures (āsana) et les techniques de contrôle du souffle (prāṇāyāma), mais également les techniques de nettoyage interne (ṣaṭkarmāni), les verrous énergétiques (bandha) et les gestes symboliques (mudrā).
L'aṣṭāṅga yoga, également appelé rāja yoga (yoga royal)*, est une autre voie, qui a été codifiée par Patañjali dans ses Yoga sūtra. Il s'agit d'une voie en huit étapes (aṣṭāṅga signifie "constitué de 8 parties, qui a 8 membres") qui met l'accent sur le contrôle de l'esprit par l'intermédiaire de la discipline sociale (yama), de la discipline personnelle (niyama), du contrôle du corps (āsana) et du souffle (prāṇāyāma), du retrait des sens (pratyāhāra), de la concentration (dhāraṇā), de la méditation (dhyāna) et de l'absorption ou union (samādhi).
Le bhakti yoga est la voie de la dévotion et de la discipline des émotions. Il aide à convertir toutes les émotions négatives en une émotion positive : l'amour inconditionnel. Dans cette voie d'abandon total, le dévot (bhakta) essaie de concentrer toute son énergie sur le développement de l'amour et de la dévotion envers Dieu, sans autre motivation que de lui plaire. Tout être animé ou inanimé étant vu comme faisant partie de ce tout que l'on appelle Dieu (ou l'Univers, la Nature, etc.), cette voie aide à développer la compassion et l'amour inconditionnel. Le bhakti yoga est reconnu comme étant à la fois le plus simple et le plus puissant des yogas.
Le karma yoga est la voie de l'action (karma) désintéressée. Il est enseigné dans la Bhagavadgītā, qui explique comment chacun se doit de suivre son dharma (sa voie personnelle juste, son devoir, son rôle dans la société) sans s'attacher aux fruits de ses actions, c'est-à-dire sans attendre quoi que ce soit de ses actions et donc en réagissant de manière neutre quel qu'en soit le résultat. Cette voie spirituelle enseigne comment vivre au moment présent grâce à l'acceptation, qui permet de se libérer du passé, à l'absence d'attente, qui évite de trop se projeter dans le futur, et à l'absorption dans l'action (et donc dans le présent) en pleine conscience. Cette pratique de l'action désintéressée en conscience et sans attente particulière est capable de réduire grandement le stress et l'anxiété. Et dans notre monde de plus en plus individualiste, elle aide à créer du lien entre les personnes, rendant chacun heureux non pas parce qui'l suit ses propres désirs (cela rend-il vraiment heureux ?) mais parce qu'il se met volontairement au service des autres sans rien attendre en retour.
Le jñāna yoga met l'accent sur l'étude des textes sacrés afin de comprendre intellectuellement la vérité éternelle. Cette connaissance (āna) est censée donner à celui qui suit cette voie la sagesse nécessaire pour devenir totalement et profondément conscient de cette vérité éternelle.
Le tantra yoga cherche à obtenir la réalisation du Soi par l'éveil de la Kuṇḍalinī, un immense réservoir d'énergie qui est en sommeil chez la plupart des gens. Les pratiques se concentrent sur la colonne vertébrale et tentent de faire monter cette énergie, qui dort à sa base, jusqu'en haut du crâne. Dans son ascension, la Kuṇḍalinī rencontre sept points énergétiques majeurs appelés cakra. Ceux-ci doivent être activés, équilibrés et ouverts à l'aide de différentes pratiques afin de permettre à la Kuṇḍalinī de circuler librement dans la Suṣumna (le canal énergétique dans lequel elle s'élève). Quand cette énergie de transformation transperce le septième cakra, le sādhaka atteint mokṣa (la libération, la réalisation du Soi).

Comme on a pu le voir, tous ces chemins sont très différents, certains étant relativement simples, d'autres nécessitant de nombreuses pratiques plus ou moins compliquées. Leur diversité fait écho à celle de la nature humaine. Chacun peut ainsi choisir la ou les voies avec lesquelles il se sent le plus en résonance, sachant que toutes ont le même but : la réalisation du Soi.

L'aṣṭāṅga yoga ou rāja yoga de Patañjali ne doit pas être confondu avec certaines écoles modernes qui, bien que proposant des pratiques très éloignées de celles décrites dans les Yoga sūtra, ont pris le même nom. Il s'agit d'une part de l'ashtanga vinyasa yoga de Pattabhi Jois et d'autre part du raja yoga de l'organisation Brahma Kumaris.

mercredi 10 février 2016

Cuisine et santé : rava dosa à la betterave

Le dosa est une sorte de crêpe typique de la cuisine de l'Inde du Sud. La recette de base est réalisée à partir d'un mélange fermenté de riz et de lentilles. Il existe également d'autres sortes de dosa, comme le rava dosa, réalisé à partir de semoule fine de blé (appelée rava en Inde).


Ingrédients


  • ½ tasse de farine de riz
  • ½ tasse de semoule fine de blé ou de farine de millet
  • 1 tasse de betterave crue râpée
  • 1 cuillerée à café de gingembre frais coupé en petits morceaux (ou à défaut en poudre)
  • ½ cuillerée à café de piment vert égrainé et coupé en petits morceaux (optionnel)
  • 1 cuillerée à soupe de feuilles de coriandre ciselées
  • ½ cuillerée à café de sel


Préparation



Mixer tous les ingrédients avec un peu d'eau afin d'obtenir une pâte légèrement liquide comparable à une pâte à crêpes.
Faire chauffer une petite poêle et la huiler légèrement (avec de l'huile de tournesol ou de coco, par exemple). Verser une louchée de pâte dans la poêle et la répartir en faisant des mouvements circulaires avec le dos de la louche du centre vers le bord. Cuire un côté jusqu'à ce qu'il brunisse, puis retourner le dosa et cuire l'autre face. Quand il est bien cuit, le déposer dans un endroit où il pourra rester au chaud (par exemple entre deux assiettes ou dans du papier d'aluminium). Puis huiler à nouveau légèrement la poêle, si besoin, et recommencer l'opération jusqu'à ce qu'il ne reste plus de pâte. Selon la diamètre de la poêle, cette quantité de pâte permet de réaliser entre 7 et 10 dosa environ.
Manger les dosas encore chauds avec un chutney à la menthe, par exemple, ou avec des légumes ou du dal.


Informations ayurvédiques



Cette recette est particulièrement bénéfique pour pitta. Elle conviendra aussi très bien aux vāta. Pour varier les plaisirs, on pourra remplacer la betterave par de la carotte ou des épinards. Attention, en cas de pitta aggravé, il sera sage d'éviter le piment.