De nombreuses écoles de yoga se sont développées ces dernières décennies en Inde et en Occident. Certaines, comme l'ashtanga vinyasa créé par Pattabhi Jois, mettent l'accent sur le mouvement, tandis que d'autres, comme celle de B. K. S. Iyengar, préconisent de maintenir les postures pendant plusieurs minutes*. Pour le pratiquant novice, il est parfois difficile de s'y retrouver et de faire son choix. Mais quelles sont au juste les effets de ces deux façons de faire du yoga ? Qu'est-ce qui différencie le yoga dynamique de la gymnastique ? Comment prévenir les blessures ? Les quelques lignes qui suivent tentent de donner quelques éléments de réponse à ces questions.
Il y a au moins deux grandes différences entre la gymnastique et le yoga en général. En yoga, les mouvements sont toujours lents et contrôlés, ce qui aide à prévenir les blessures durant la pratique, et la respiration est coordonnée avec les mouvements. Le fait que le mental soit focalisé sur la respiration et sur l'étirement des muscles et des articulations augmente la coordination neuromusculaire et permet à l'esprit de trouver le calme et la capacité à contrôler les émotions et les pensées.
Tout comme la gymnastique, le yoga dynamique fait plus appel aux fibres musculaires blanches, lesquelles consomment essentiellement du glucose et de l'adénosine triphosphate, mais relativement peu de graisses, et produisent une grande quantité d'acide lactique. L'un et l'autre augmentent les rythmes cardiaque et respiratoire. Le yoga dynamique permet de faire bouger les articulations dans toutes les directions, ce qui a pour effet de les rendre plus souples et de prévenir les problèmes articulaires.
Dans les Yogasūtra, le texte de référence de l'aṣṭāṅgayoga (le yoga à huit branches), Patañjali écrit clairement que les postures (āsana) doivent être stables et confortables (sthira-sukham āsanam - 2:46). La stabilité, c'est-à-dire le fait de maintenir une posture pendant au moins 15 secondes, renforce les muscles profonds et les détend (les muscles se détendent automatiquement après 15 secondes). Le confort dans la posture permet aux muscles de se détendre plus facilement et à la souplesse de se développer plus efficacement. En effet, si on perd le confort en essayant d'aller au-delà de ses limites, on va diminuer sa souplesse au lieu de l'augmenter. Pour certaines écoles, dont celle dont je suis issu, le yoga statique est donc mis en avant et considéré comme le « vrai » yoga. Il est inconcevable pour elles de dire que l'on fait du yoga si on ne tient jamais les postures. Cela dit, elles ne rejettent pas totalement le yoga dynamique, comme par exemple la salutation au soleil, qui est un très bon échauffement et permet de préparer le corps au maintien des postures.
Quand on tient une posture un certain temps, les fibres musculaires rouges sont plus actives que quand on est en mouvement. Ces fibres consomment plus de graisses et de glucides et moins d'oxygène que les fibres musculaires blanches et augmentent l'endurance du corps. Dans certaines postures, les glandes endocrines et les organes internes subissent une pression et un étirement, ce qui a pour effet de les stimuler, de les renforcer et de les aider à travailler de façon optimale. En outre, pendant que la posture est maintenue, on peut porter son attention sur la partie du corps qui travaille, ce qui augmente l'afflux sanguin et l'activité nerveuse dans cette région, et permet donc d'améliorer son bon fonctionnement, de stimuler le système nerveux parasympathique (responsable de la détente du corps et de l'esprit) et d'équilibrer le système nerveux autonome.
De plus en plus de personnes se blessent en faisant du yoga, alors qu'une bonne pratique permet d'éviter ces désagréments. La chose la plus importante à faire en ce sens est d'écouter son corps et d'en comprendre et accepter les limites. La bonne attitude consiste à laisser de côté toute attente ainsi que l'esprit de compétition et à ne pas aller au-delà de 70 % de ses capacités. S'échauffer pendant cinq à dix minutes prépare les articulations, les tendons, les ligaments et les muscles à la pratique des postures. Faire des mouvements lents et contrôlés, en étant conscient des parties du corps impliquées et en les coordonnant avec la respiration, aide à détendre les muscles, à prendre conscience de toute douleur ou inconfort et à éviter un étirement excessif. Si la posture « idéale » semble trop difficile, des variations plus simples peuvent être pratiquées afin que l'āsana puisse rester stable et confortable. Certains āsana requièrent en outre des contre-postures qui ne doivent pas être négligées car elles permettent d'éviter de se faire mal.
Comme on a pu le voir, le yoga statique et le yoga dynamique ont tous les deux des qualités qui sont complémentaires. Bien pratiqués, ils permettent d'assouplir le corps et de pacifier le mental tout en minimisant le risque de blessures. Le pratiquant de yoga a donc tout intérêt à combiner ces deux approches pour en retirer un maximum de bienfaits.
* Il est amusant de noter que ces deux grands maîtres du XXe siècle, qui ont développé des styles presque opposés, ont tous les deux été les disciples du même maître, T. Krishnamacharya.
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